La méthode des loci ou le palais de mémoire : Mon expérience avec l'italien

La méthode des loci est l'une des nombreuses astuces mnemotechniques qui ont traversé les siècles et présentent encore à ce jour beaucoup d'intérêt pour les apprenants. Mais qu'est-ce donc la méthode des loci et comment est-ce qu'elle marche ?

Définition et un peu d'histoire :
La méthode des loci est une technique qui consiste à associer ce que l'on veut apprendre avec un espace qui nous est familier, par exemple notre chambre, notre maison ou notre quartier.

D'après la légende, un poète grec du nom de Simonide a été invité par le roi de Thessalie, Scopas, dans sa cour. Pendant le banquet, il a été appelé par quelques personnes et il a dû sortir. Juste au moment où il est sorti, un tremblement de terre a fait écrouler le palais. Grâce à Simonide toutes les dépouilles des victimes ont été identifiées. En fait, celui-ci a pu se souvenir de chaque personne en l'associant à la place où elle s'était assise.

Mais ce fut Cicéron le premier à décrire la technique en détail. D'ailleurs, le mot «loci» est le pluriel du mot latin «loco» qui veut dire lieu, pensez au mot «local» ou «locomotive». En fait, Cicéron était connu pour ses discours très éloquents qu'il mémorisait pendant sa promenade au marché, trajet qu'il faisait chaque jour pour aller au Sénat. D'après lui, pour mémoriser un discours :
- Il faut d'abord bien le comprendre et l'assimiler.
- Ensuite, le diviser en parties.
- Imaginer un lieu ou un trajet qui nous est familier.
- Associer chaque partie du discours avec un coin de cet espace. Il faut que l'association soit basée sur une certaine logique.
- Enfin, il faut parcourir cet espace en prenant toujours la même direction et essayer de se souvenir de la partie du discours qui est associée à chaque coin.

Si vous voulez avoir un exemple concret comment utiliser cette technique, je vous invite à lire cet article, et celui-ci.

Mon expérience : 

Il est vrai que cette technique est très efficace lorsqu'il s'agit de mémoriser des mots séparés. Mais elle présente aussi quelques désavantages :
1) Alors déjà, cette méthode exige un certain effort pour créer un scénario imaginaire pour me permettre de réaliser des associations logiques entre les mots que je veux apprendre et les lieux auxquels je les relie. Or, ayant un boulot très exigeant et qui occupe une grande partie de ma semaine, je me retrouve chaque soir drainé et je n'ai tout simplement pas envie de faire cet effort supplémentaire et de perdre une heure entière de mon précieux temps libre à créer un scénario assez extravagant juste pour apprendre une dizaine de mots, alors que je peux juste apprendre en lisant et en regardant des vidéos. D'ailleurs, j'ai découvert plein d'autres d'astuces beaucoup plus simples et moins exigentes en matière de temps et d'énergie et qui fonctionnent tout aussi bien :
- La plupart des mots italiens ressemblent au français. Il suffit de connaître certaines règles phonétiques et orthographiques pour pouvoir transférer le mot d'une langue à une autre. Par exemple, il suffit de savoir l'équivalent du préfixe verbal «dé» en français est «s» et comprendrez et mémoriserez très rapidement des mots comme sviluppare, spiacere (développer, déplaire),etc.

- Quand le mot italien ne ressemble pas à un mot français que je connais, je fais preuve d'immagination pour le relier à un mot avec une prononciation semblable. Par exemple, pour apprendre macellaio (boucher), j'ai imaginé un redoutable boucher avec un tablier tacheté de sang, qui la vulgaire habitude de mâchouiller un morceau de viande crue pendant qu'il coupe (macellare) la viande. Dans ce cas, je ne me contente pas du français, mais j'utilise tout mon répertoire langagier. Pour le mot bureau de tabac en italien, j'ai divisé «tabaccheria» en deux partie, «tabac» en français et «cheria» qui sonne comme l'espagnol «queria» et j'ai obtenu quelque chose du genre : Il voulait du tabac.

- J'associe des mots à des gens que je connais au lieu de les associer à des lieux. Par exemple, pour le mot griggio, j'ai imaginé mon patron qui a les cheveux gris.

- J'apprends une quantité énorme de mots en lisant et en regardant des vidéos sur Youtube. En fait, le premier jour où j'ai voulu tenter cette technique, j'ai choisi une liste des mille mots les plus fréquemment utilisés en italien et je l'ai parcourue dans l'espoire de choisir quelques nouveaux mots à apprendre avec la méthode des loci. Je fus surpris de voir que je connaissais la plupart de ces mots grâce aux vidéos que je regardais même si je ne les ai jamais rencontrés dans un texte. Une autre partie pas moins importante de ces mots ont été mémorisés grâce à la lecture.

- Des applications tel que Duolingo, Memrise et Drops m'ont aussi été très utiles pour apprendre beaucoup de mots sans faire beaucoup d'efforts.

Enfin bref, il  a plein d'autres astuces que je peux utiliser pour enrichir mon vocabulaire en italien sans me coûter trop d'efforts.

2) Ensuite, pour me souvenir du sens d'un mot, je suis parfois obligé de refaire tout un trajet et de me souvenir de l'association. Or, si j'apprends des mots en italien, c'est pour que je puisse les utiliser quand je parle. L'un des problèmes que j'ai rencontré avec la méthode des loci, c'est que je ne trouve pas un moyen pour transférer les mots nouvellement appris à mon lexique actif.

Ma conclusion :
Je ne veux pas remettre en cause l'efficacité de la méthode des loci comme technique mnemotechnique. En fait, c'est grâce à elle que j'ai pu mémoriser les crus du Beaujolais en moins de 5 minutes seulement. Mais lors de mon expérience, je me suis rendu compte qu'elle ne me servait pas à grand chose pour apprendre l'italien, car j'ai déjà un bagage lexical assez important qui me permet de mémoriser de nouveaux mots d'une manière plus ludique : La lecture et Youtube. Ma conclusion est que cette technique ne sert pas à grand chose pour un apprenant qui a atteint un niveau intermédiaire.

Cependant, la première fois que j'ai ouïe-dire de cette méthode, c'était dans une vidéo de Tim Doner où il expliquait comment il l'a utilisée pour apprendre des mots en japonais comme : boire, lire, manger, etc. Ma théorie, c'est que cette méthode peut-être très utile pour un faux débutant qui a besoin de mémoriser les 300 mots nécessaires pour pouvoir entamer des discussions, écouter des podcasts et regarder des vidéos, et lire des histoires pour enfants ou des livres de lecture facilitée. Mais dès qu'il atteint ce niveau, il devrait la substituer avec ces activités.

Je décidé de tester cette théorie. J'ai choisi de mémoriser en deux mois 300 mots en indonésien. Mon choix est porté sur cette langue parce qu'elle a la réputation d'avoir une grammaire très facile, et elle s'écrit en lettres latines. 300 mots en deux mois se traduit par 5 mots par jour. Le strict minimum. Je préfère ne pas être très ambitieux pour que cela n'interfère pas avec mon apprentissage de l'italien, qui est pour l'instant mon but principal. Une fois cette expérience terminée, je résumerai tout ce que j'ai appris dans un nouveau post.

À bientôt ! :)

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